Depuis plusieurs années, la santé génésique s’est focalisée sur les facteurs de risques materno-fœtaux ce qui a entraîné une augmentation du nombre de déclenchements, péridurales et autres césariennes  ; c’est pourquoi, afin de préserver le bien être émotionnel de la mère et l’enfant, l’OMS a appelé à la démédicalisation de la naissance lorsque l’accouchement s’annonce comme normal.

Quels sont les facteurs internes et environnementaux qui peuvent encourager les femmes à souhaiter un accouchement normal et à garder une expérience positive de la naissance ? Les entretiens avec une douzaine de norvégiennes primipares ayant accouché normalement 5 ou 6 semaines plus tôt, et ayant un bon vécu de cette expérience apportent quelques réponses.

Un environnement sécurisant

La stabilité de la vie quotidienne est un facteur important pour ces femmes qui ont le plus souvent planifié leur grossesse ; elles se sont senties en confiance chez elles et y sont resté le plus longtemps possible, entourées de leur famille, en particulier de leur conjoint et de leur mère dont le vécu positif de l’accouchement a un effet favorable sur les appréhensions de leur fille. Les parturientes souhaitaient pouvoir choisir pour elles-mêmes, prendre une douche quand elle le désirait, ou confectionner leur repas. Ces femmes étaient préparées à l’accouchement, par des cours ou, plus précieux encore pour elle, par leurs proches ; elles restaient malgré tout conscientes que la naissance est un évènement imprévisible et que tout ne pouvait pas être maitrisé.

L’équilibre émotionnel

L’attitude positive vis-à-vis de l’accouchement et les stratégies d’adaptation sont essentielles à l’équilibre émotionnel. Les femmes parlent de la naissance comme de quelque chose de normal qui existe depuis la nuit des temps. Elles ont confiance en leur corps et ses capacités, prennent les choses telles qu’elles viennent, allant même jusqu’à considérer que la suppression de la douleur est anti-naturelle et qu’elle n’est pas bonne pour l’organisme : en effet, pour elles, la douleur n’est pas dangereuse. Accoucher ne les effraye pas, leur but est de surmonter cette épreuve en travaillant avec leur corps et non pas contre, avec comme finalité le désir de voir enfin leur bébé. Ces femmes se voient comme des battantes.

Pour bien accoucher, il faut donc se sentir en bonne santé, être équilibrée, bien entourée, convaincue que l’accouchement est un processus naturel surmontable, avoir des attentes réalistes. Des capacités que les séances de préparation à la naissance peuvent initier et renforcer.

Marie Gélébart RÉFÉRENCE Aune I et coll : Promoting a normal birth and a positive birth experience — Norwegian women’s perspectives. Midwifery 2015 ; 31 : e721-727.